
© Groupe Colisée
Le scénario se confirme : Colisée bascule sous le contrôle de ses créanciers. Le lender group incluant, selon des sources du marché, Blackstone et KKR, activera un schéma loan-to-own lui permettant de récupérer 100 % du capital du 4ème opérateur privé de maisons de retraite en France, marquant la sortie d’EQT Infrastructure V, actionnaire majoritaire depuis 2020 à l'occasion d'une valorisation à 2 Md€ - suite au rachat des parts de IK Investment Partners.
Une équation financière devenue intenable
Le groupe, l’un des principaux opérateurs privés d’Ehpad en Europe, présentait une dette totale d’environ 1,8 Md€, incluant un prêt TLB de 1,2 Md€ aujourd’hui échangé autour de 55 % du nominal, reflet de la gravité du stress financier. Le lender group a choisi une approche résolument loan-to-own : effacement d’environ un tiers du passif, injection de plus de 250 M€ de nouveaux financements – 285 M€ selon l’accord final et prise de contrôle intégrale via conversion de 680 M€ de dette senior en actions. À l’issue, les prêteurs récupèrent l’intégralité du capital, dans un schéma classique de debt-to-equity swap appliqué à une entreprise jugée incapable de retrouver des ratios de crédit soutenables sous sa structure actuelle.
EQT poussé vers la sortie malgré une contre-proposition
EQT, avait présenté au printemps une recapitalisation concurrente d’un montant équivalent (environ 220 M€). La proposition n’a pas été retenue. Les créanciers ont préféré un plan piloté par leurs soins, jugé plus protecteur pour leurs positions et calibré sur un rebond opérationnel plus prudent. Le lock-up agreement signé en décembre scelle donc un changement de gouvernance complet, qui se déploiera au fil des prochains mois, le temps d’exécuter les mécanismes juridiques de conversion et d’injection. Selon nos informations, un nouveau conseil de surveillance sera installé pour sécuriser la trajectoire opérationnelle et financière du groupe. Les banques bilatérales, de leur côté, ont renouvelé l’ensemble de leurs lignes et facilités, permettant de stabiliser les flux de trésorerie au niveau des entités opérationnelles.
Contexte complexe
Il n'est pas faute de rappeler que, sous EQT, l’opérateur d’Ehpad fondé en 1976, a vu son réseau passer de 270 à près de 400 établissements. Mais la dynamique de revenus n’a pas compensé la détérioration rapide de la rentabilité depuis 2022. Car l'environnement est marqué par des taux d’intérêt élevés qui renchérissent le coût du levier, la fin des dispositifs Covid qui avaient amorti des modèles économiques fragiles, et un cycle LBO particulièrement dense en France, rendant plusieurs groupes vulnérables au moindre choc sur la consommation ou aux hausses salariales. Sans oublier le renforcement réglementaire post-crise Orpea, la hausse des capex normatifs, et la visibilité opérationnelle réduite...






