
©Pexels
Prosol devrait bel et bien quitter le portefeuille d’Ardian Buyout. Le groupe basé à Chaponnay, près de Lyon, affichant 4,2 Md€ de chiffre d’affaires, va passer sous le contrôle d’Apollo. Le géant américain du non-coté, conseillé par UBS, Royal Bank of Canada et Lazard, valoriserait le distributeur de produits frais 4 Md€, selon nos informations. Ce prix est à rapprocher d’un Ebitda 2025 qui devrait tourner autour des 400 M€. Apollo devance donc d’autres gérants internationaux dans ce processus de vente qui a été animé par JP Morgan, dont Clayton Dubilier & Rice et Cobepa, a-t-on appris. Si Ardian va céder ses parts, une fois les étapes réglementaires franchies et le closing acté, l’équipe de dirigeants-fondateurs va, de son côté, fortement réinvestir. Elle détenait jusque-là environ 45 % des parts de Prosol et devrait conserver autour de 40 %. Cette participation est principalement contrôlée par la holding familiale luxembourgeoise Fondamental, liée à Denis Dumont, le fondateur du groupe, et Florent Rey, ancien associé-gérant d’Abénex (qui avait mené le second LBO et qui a conservé des fonctions dans l’organisation du distributeur rhodanien).
Près de 2 Md€ de TLB conservée et ajustée
Ardian va donc pouvoir passer la main après près de neuf ans au capital, notamment marqué par deux tentatives de sorties abandonnées en 2021 et 2023. « Les précédents processus de vente avaient été avortés car nous sortions de la crise du Covid et faisions face à l’inflation, avec une lecture des chiffres qui peut être plus dure à interpréter, surtout pour société de cette taille. Mais Prosol a démontré la justesse de son modèle, avec une exigence sur la qualité des produits, une maîtrise de la chaîne de valeur qui permet de proposer aux consommateurs des produits frais de qualité et cela au juste prix. Nous passons aujourd’hui la main à la tête d’un groupe qui est lancé sur une trajectoire de croissance qui peut lui permettre de doubler de taille sur ce nouveau cycle », affirme Nicolas Trani, managing director, Buyout, Ardian. Le processus de vente de 2021 n’avait pas abouti mais il avait malgré tout permis à Prosol de se refinancer en levant alors 1,382 Md€ de TLB et 250 M€ de RCF qui permettaient aux actionnaires de bénéficier de rembourser une partie de leurs obligations convertibles. Cette dette avait de nouveau été refinancée en juin dernier, sans recap cette fois, avec une nouvelle TLB de 1,932 Md€ intégrant les financements débloqués lors de l’acquisition de Novoviande, un acteur en charge des rayons boucherie du GIE Grand Frais dont Prosol est le principal opérateur. À ce financement s’ajoutait 400 M€ de RCF. Apollo devrait s’appuyer sur cette dette portable en augmentant légèrement le quantum, comme c’est prévu dans la documentation, selon nos informations.
Ouverture de 250 magasins depuis 2017
Fondé il y a plus de 30 ans, le groupe lyonnais compte désormais 450 points de vente pour 10 000 collaborateurs et 2 300 producteurs partenaires. « Nous nous sommes inscrits dans un partenariat fort avec les dirigeants-fondateurs de Prosol en 2017 et sommes aujourd’hui très fiers, chez Ardian, d’avoir pu les accompagner dans ce triplement de taille, s’enthousiasme Nicolas Trani. C’est un exemple de ce que l’on souhaite faire, apporter nos ressources pour accompagner la croissance aux côtés de familles ou de fondateurs. Il y a eu, sur la période, plus de 250 ouvertures de magasins, dont une soixantaine sous fresh, trois sous Mon Marché à Paris et six sous Banco Fresco en Italie, trois nouvelles enseignes dont Prosol est l’unique propriétaire. » Cela par opposition aux points de vente Grand Frais exploités aux côtés de Euro Ethnic Foods (détenu par PAI Partners depuis 2020) en charge des rayons épicerie et de Despi qui assure une partie de la boucherie. « Le sens de l’histoire est un rapprochement de ces trois acteurs sous un même toit, estime une source proche du dossier. Si rien n’est engagé, ce sont des entreprises qui se parlent tous les jours sur des volets commerciaux et opérationnels, et Apollo dispose des liquidités pour mener une telle consolidation. » Au-delà de cette perspective, le gérant américain va pouvoir poursuivre les actions déjà engagées, comme le développement international ou au cœur des villes sous l’impulsion de Jean-Paul Mochet, le PDG, arrivé en avril 2024 et qui a notamment présidé Franprix et Monoprix.








