© SiPearl
Jean-Michel Deligny, Silverpeak
SiPearl ne conclut pas encore sa série A « à six chiffres », souhaité par Philippe Notton, le fondateur et P-dg du concepteur d'un microprocesseur destiné aux supercalculateurs européens en 2021, lorsque le Conseil Européen de l'Innovation via le programme EIC Accelerator s'était engagé à hauteur de 15 M€ en capital. La société, qui avait été financée à hauteur de 6 M€ de subventions par l’Europe dans le cadre du programme Horizon 2020, annonce un premier closing de son tour de table à hauteur de 90 M€. Ainsi, Arm, développeur britannique de processeurs soutenu par Softbank, le groupe Atos, l'État français à travers l'enveloppe d’investissement French Tech Souveraineté, gérée par Bpifrance, font leur entrée au capital de la société. L'enveloppe actuelle comprend également 25 M€ d'obligations convertibles souscrites par la Banque Européenne d'Investissement. « L'essentiel des discussions que nous avons eues s'est porté vers des investisseurs publics et industriels, du fait de l'histoire de la société, précise Jean-Michel Deligny, senior advisor de la banque d'affaires londonienne Silverpeak, mandatée par SiPearl. Les investisseurs financiers européens peuvent se montrer sceptiques à l'idée que la société, sans produit, sans revenus, puisse gérer la complexité d'un tel projet, parce que cela n'a jamais été fait en Europe. »
Bouclage de la levée de fonds fin 2023
Philippe Notton, SiPearl
Le financement est pour le moment porté à hauteur de 110,5 M€, puisqu'il comprend 20,5 M€ de subventions apportées par l'Union Européenne. L'entreprise espère conclure sa série A, au moins à hauteur de 150 M€, « le budget nécessaire pour développer ce genre de composants, de produits, ajoute Philippe Notton. Nous sommes ravis qu'Atos ainsi qu'Arm aient participé à notre opération. Ce dernier investit peu mais avait notamment soutenu la société israélienne (Annapurna Labs, ndlr), rachetée par AWS par la suite. » Pour boucler son opération d'ici la fin de cette année, SiPearl va s'orienter vers des profils corporate pour l'essentiel, afin de développer l'entreprise, mais aussi vers des fonds régionaux. La société de 130 personnes, dont 90 établis en France, venus de Texas Instruments, Intel ou encore Nokia, disposant de six centres de R&D en Europe, veut en effet s'appuyer sur ce type d'investisseurs pour soutenir ses plans de recrutement et ses ancrages régionaux. Elle travaille également sur les instruments non dilutifs pour compléter son financement.
Commercialisation prévue en 2024
Pour rappel, SiPearl développe un microprocesseur, Rhea, à très haute performance (HPC). Il s'appuie entre autres sur des partenaires comme Arm, désormais actionnaire, pour exploiter la microarchitecture de puces Zeus via un contrat de licence, ainsi que sur TSMC, fonderie taïwanaise de semiconducteurs, en charge de la production. Le produit de SiPearl est destiné à équiper les futurs supercalculateurs européens dont LUMI en Finlande, Leonardo en Italie ou encore Jupiter en Allemagne. Parmi les cas applicatifs de ce microprocesseur figurent la recherche médicale, les prévisions climatiques localisées, l'optimisation énergétique ou encore la cybersécurité. « Le plan de route de la société s'appuie notamment sur les centres de calculs, qui testent et font évoluer la technologie afin de créer des processeurs sur mesure, dédiés HPC, ce qui sera nouveau pour le marché, poursuit Jean-Michel Deligny. Il est rare pour une start-up d'avoir un marché de 8 Md€ à sa porte. Il s'agit d'une stratégie à plusieurs tiroirs, en attaquant le marché HPC commercial qui s'étend sur le continent, mais aussi en s'adressant aux sociétés en dehors de l'Europe. » SiPearl espère débuter la commercialisation de Rhea en 2024.
