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Mistral jouit de l'engagement d'un acteur européen de référence dans la micro-électronique pour son nouveau tour de table record. Le créateur de modèles d'intelligence artificielle générative devient la première start-up — voire scale-up, malgré ses deux ans et demi d'âge — du continent, à boucler un tour dépassant le milliard d'euro avec une série C à 1,7 Md€. Le meneur, avec un ticket d'1,3 Md€, est ASML, le fournisseur néerlandais de machines de lithographie permettant à TSMC, Intel ou encore Samsung, de fabriquer leurs puces. La valorisation atteint 11,7 Md€, post-money. Au-delà de la relation capitalistique, faisant du nouvel entrant le principal actionnaire avec environ 11 % des parts, derrière les co-fondateurs Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix, encore majoritaires, ASML et Mistral engagent un partenariat stratégique. Le groupe néerlandais affirme vouloir explorer l’utilisation de modèles d’IA dans l’ensemble de son portefeuille de produits, afin d’offrir à ses clients une mise sur le marché plus rapide de ses systèmes de lithographie.
Des investissements dans la croissance
L'opération comprend également une part de secondaire, non précisée. Les investisseurs historiques remettant au pot sont DST Global, Andreessen Horowitz, Bpifrance, dont l'équipe Large Cap a d'ailleurs repris le relais de Digital Venture, General Catalyst, Index Ventures, Lightspeed et Nvidia. Mistral dispose désormais d'une force de frappe décuplée pour alimenter sa R&D et entraîner de nouveaux modèles, poursuivre le recrutement de ses forces marketing et ventes, ainsi qu'investir dans ses infrastructures, servant notamment à une offre cloud compute. Cette dernière permet de vendre de la puissance de calcul quand celle-ci n'est pas utilisée par Mistral. « Les clés du succès de la société tiennent à différents aspects. L’un d’eux est son statut d’acteur européen, qui intéressera de nombreuses sociétés sensibles aux enjeux de souveraineté. Sa grande proximité avec ses clients constitue également un avantage important. Enfin, sa capacité à faire preuve d’une forte économie de ressources, à l’inverse d’acteurs américains bien plus financés, mérite d’être soulignée », indique Thierry Sommelet, responsable technologie, médias et télécom au sein de l'équipe Large Cap de Bpifrance.
312 M€ d'ACV
La pépite française compte déjà plus de quinze modèles d'IA, plus de 350 employés répartis dans des bureaux à Paris, Londres, Luxembourg, Palo Alto, New York et Singapour, ainsi que 312 M€ d'ACV (annual contract value ; comprenant des revenus récurrent, mais aussi des facturation plus ponctuelles). Le total des contrats pluriannuels signés à ce jour s'élève quant à lui à 1,4 Md€. Lors de la série B de 600 M€ il y a un an, l'équipe était composée d'une soixantaine de personnes.
Un positionnement BtoB et souverain
D'après une source proche du dossier, Mistral s'engage véritablement dans une approche BtoB — la grande majorité de ses revenus provient déjà de ses plus de 100 clients. La pépite française vise d'ailleurs à s’affirmer comme un acteur de choix pour les gouvernements, les banques ou encore les acteurs de la défense : elle a développé des petits modèles pensés pour s'intégrer sur les appareils de ses clients — on premise — pour qui la confidentialité des données est ainsi garantie. Son approche se veut plus globalement personnalisée, ses modèles, personnalisables, large, medium ou small, pouvant répondre à différents besoins et capacités. Son interface accessible au grand public, Le Chat, quant à elle, servant notamment de preuve de la performance de ses solutions, ne constitue pas une priorité commerciale.